Michel VIGNERON

« Notre famille était une famille d’agriculteurs, puis peu à peu nous nous sommes tournés vers le négoce après guerre. D’abord avec la région de Lyon et Saint-Étienne, puis l’Italie. »
Les habitudes alimentaires ne sont en effet pas les mêmes d’un endroit à l’autre, ce qui influence le commerce. En Limousin, on mange de la vache, du bœuf ou du veau. Peu de broutard ou taurillon, c’est-à dire-de jeunes bovins mâles non castrés, élevés pour produire de la viande ou faire un reproducteur. Ce sont surtout des morceaux de viande à cuisson lente que l’on trouvera dans ces animaux et qui se trouvent aujourd’hui souvent dans les rayons boucherie des grandes surfaces.
« Au début, c’est des wagons qui convoyaient les bêtes. Avec quelques autres négociants on constituait des convois de wagons aménagés, à la gare de Pierre-Buffière. Les camions ne sont apparus qu’ à la fin des années 70. Avec des carrosseries de camions italiens aménagés en bétaillères... »
Ah ! les carrosseries Italiennes…
En fait, c’est le développement économique italien d’après guerre qui a développé ce commerce plutôt pionnier. L’ Italie est un pays de céréales, pas d’élevage. Donc ils cherchaient à acheter des bêtes de bonne qualité « à finir », c’est-à-dire transformer leurs céréales en viande.
« Mais avec les Italiens, le commerce a toujours été bon enfant. Nous, on achetait les bêtes dans les fermes limousines. Les acheteurs italiens étaient de petites exploitations, groupées en coopératives. Ils venaient en France et on allait les voir. Pour le contrat, on tapait dans la main. Par contre c’était très prenant, il fallait voyager. A cette époque les transactions s’effectuaient toutes en liquide, qu’il fallait avoir sur soi. C’était pas toujours très rassurant. »
Mais bon, l’Italie, quand on parle de commerce, ce n’est pas forcément aux carrosseries et aux coopératives qu’on pense au premier abord…
« Une fois, on a un wagon qui a disparu vers Naples… »
Cette fameuse magie italienne sans doute…
« Il faut être prudent, mais avec le temps on connaît les partenaires… et par conséquent, ceux qu’il vaut mieux éviter. »



Marié, père, il faut aussi trouver un peu de temps pour s’investir dans la vie communale comme conseiller municipal. « J’ai fait les 3 premiers mandats de M. Roux. Mais bon, je n’étais pas un conseiller très présent…" On aurait pu s’en douter puisque l’entreprise prospère au fil du temps, pour devenir l’une des plus importantes du secteur :
« En moyenne, c’est 20 000 bêtes par an. C’est plutôt stable. On a aussi travaillé avec l’Espagne, la Grèce ou la Turquie. Néanmoins, c’est plutôt marginal dans notre activité. Et là, le contrat c’était pas qu’une poignée de main… »
L’essentiel de l’activité reste centré sur l’Italie et la création de la société EUROFRANCE il y a 20 ans, se fait avec un capital moitié italien et moitié français. Cela demande donc d’être vigilant :
« Il faut surveiller toute la chaîne, des éleveurs jusqu’ à l’acheteur, en passant par l’abattoir et la boucherie. Si l’un des éléments commence à vaciller, il met en danger tout l’équilibre et chacun des acteurs. Alors, quand vous faites partir un wagon ou un camion en espérant être payé 3 semaines plus tard, il y a des nuits où vous ne dormez pas forcément très bien… C’est des sommes conséquentes qui sont en jeu. »
2016 sonne l’heure de la retraite et la société doit trouver un repreneur.
« Le plus compliqué à ce moment-là c’est de trouver le bon acheteur. Celui qui reprendra le personnel et l’activité. C’est le souhait de tout artisan ou commerçant qui cède son commerce. On n’ a pas envie qu’il disparaisse. C’était une bonne part de notre vie mais, au-delà de l’entreprise, ce négoce fait aussi travailler des éleveurs du secteur et il y a une petite dizaine de salariés, dont la moitié de Saint-Paul. La société continue donc la même activité et dans les mêmes conditions sous le nom de SAS WEBER »




Claude GOURINEL

« On dit que dans les couples, pour que ça dure, il faut du 50-50. Dans le notre, c’était plutôt 60 % pour ma femme » raconte Claude avec émotion. « Nous nous étions toujours connus, nés à Eymoutiers la même année, puis à Domps où nous avons grandi ».
Claude avait perdu sa mère quelques jours après sa naissance, « une plaie jamais cicatrisée et c’est avec la naissance de nos trois enfants que j’ai découvert le rôle d’une mère ». Élevé par ses grands-parents puis vivant avec son père, le jeune Claude découvre la boulangerie avec les enfants du boulanger de Domps chez qui il passe ses jeudi. « C’est là que j’ai attrapé le virus… ».
Après, c’est l’apprentissage puis le service militaire comme boulanger en Algérie en 1959-60. « Ça canardait assez souvent à l’époque, et il fallait se cacher derrière les eucalyptus du camp en attendant que l’artillerie n’intervienne. On avait des fours à pain mobiles qui fonctionnaient à l’essence… valait mieux faire gaffe… ! ».

Les fours à pains mobiles de l’armée française en Algérie

Après avoir travaillé dans une boulangerie à Verneuil, c’est en 1965 que le couple reprend l’ancienne Boulangerie Gilles, rue du 11 novembre à Saint-Paul : « On a commencé modestement, nous n’avions pas de gros moyens derrière nous ».
Le pain a une symbolique évidente en plus d’être la base de l’alimentation d’autrefois, principalement à la campagne. Le boulanger a alors une dimension sociale importante dans les villages en plus d’être un métier très longtemps sous haute surveillance : « Jusqu’en 1976, le prix du pain était fixé par décret ministériel…. » se souvient Claude.

Le métier exigeait une présence quasi permanente et de bonnes journées. « Je me levais vers minuit pour préparer le pain, puis lorsque ma femme partait en tournée, je tenais le magasin. Parfois, il m’arrivait de dormir sur la table. On savait que le métier était usant et qu’il était parfois difficile de se réhabituer aux horaires de tout le monde. A ma retraite, je ne pouvais plus marcher… ». Les tournées étaient nombreuses et sillonnaient les campagnes alentours. « Lorsqu’il y avait des fêtes ou des évènements tels que des tournois de foot le dimanche, et c’était souvent à l’époque, il ne fallait pas compter ses heures… ! ». C’est ainsi qu’il ouvre désormais le dimanche matin et ferme le lundi.
« Au début je me servais de l’eau du puits directement présent dans le fournil, où l’eau était toujours fraîche. Puis dans les années 70, j’ai changé de four pour un four à vapeur fonctionnant à l’électricité ou au bois, ce qui m’a permis de faire du pain même lors de la grande panne électrique nationale de fin 78 » .
Pourtant l’affaire se développe bien et la notoriété s’accroît. Ainsi, lorsque les Gourinel décident de réduire certaines tournées où d’autres boulangers sont apparus, ce sont les clients qui suivent le pain et viennent à Saint-Paul. « Nous n’étions pas ambitieux, nous n’avions pas la folie des grandeurs, nous voulions juste créer une affaire qui marche bien » résume-t-il.

En fait, la notoriété dépassera largement les limites du canton puisque c’est une cliente éphémère, de passage à Saint-Paul, qui lui apprend un jour que sa boulangerie figure dans le Guide PetitRenaud.
En 1997, l’heure de la retraite a sonné. « C’était le 30 août » se souvient Claude avec émotion, « il devait rester 2 ou 3 pains en rayon. On se regardait et aucun de nous deux ne voulait fermer la porte, car nous savions que nous ne rouvririons pas… ».


A la mémoire de Nicole GOURINEL.





Jacques PAUZAT

M. Pauzat, mais « on dit Jacques ! » nous rappelle celui-ci d’une voix affirmée, a rarement laissé indifférent : sa gouaille, son caractère bien trempé et une solide carrure faisaient que sa seule présence avait bien souvent un effet tranquillisant sur l’assistance. Comme tout le monde, l’homme a vieilli, s’est un peu tassé, mais on sent très rapidement qu’on a affaire à un personnage.

Natif de Ladignac-le-Long, Jacques perd sa mère à l’adolescence. Les 5 autres enfants de la fratrie sont alors placés dans la famille. Lui, ira à Châteauneuf-la-Forêt, chez M. Touze, faire son apprentissage de plombier avant de partir ensuite travailler à Limoges où il se spécialisera en zinguerie. C’est également à Châteauneuf-la-Forêt qu’il rencontrera sa femme.
S’il connaissait déjà Saint-Paul par son travail, c’est en 1957 qu’il s’installe définitivement dans notre commune pour travailler et créer ultérieurement l’entreprise de plomberie qui portera son nom. C’est le temps du Vespa puis de la Citroën C4 ( évidemment pas l’actuelle mais celle des années 1930 !). Jacques intervient pour des particuliers (c’est l’époque où on alimente en eau de nombreuses fermes) mais également pour les communes aux alentours. Il intervient ainsi une première fois à Eyjeaux après qu’une partie du bourg se soit retrouvée privée d’eau pendant 15 jours ! Il assurera enfin l’entretien courant du réseau pour le syndicat des Allois, à la création de celui-ci. Ces interventions aux 4 coins du territoire lui permettront de nouer de solides relations.

L’époque du carnaval

Marié et père de 2 filles, Jacques s’impliquera rapidement dans la vie locale. De nature conviviale, Jacques a toujours participé au Comité des fêtes, dont il restera président pendant 28 ans. Il accompagnera l’ensemble des manifestations qui ont alors fait la notoriété de la commune, depuis les concerts de Verchuren, les rendez-vous annuels du carnaval et autre cavalcade, de la course de côte, jusqu’au feu d’artifice de la fête patronale. Il faut dire que Jacques savait gérer les relations avec les élus, la gendarmerie et autres autorités de l’époque. Son entregent facilitait les démarches, résolvait bien des tracas et ses fameux casse-croûtes, source de convivialité, n’y étaient pas pour rien. Ses amitiés avec des élus de Limoges expliquent la présence des nombreux chars qui défilaient à Saint-Paul pour son carnaval, une semaine après celui de Limoges : Saint-Paul fournissait les tracteurs pour le défilé de Limoges, avant de revenir avec les chars en remorque pour celui de notre commune !

Et des Miss de Saint-Paul !

Jacques fut également longtemps élu à Saint-Paul. Il est élu pour la première fois en 1971 (avec M. Roux, Maire) et accompagne l’ensemble des mandats de celui-ci jusqu’en 2001. Et le premier mandat commence sur les chapeaux de roue car à peine élu, il faut installer des nouveaux bâtiments scolaires pendant les vacances d’été car l’école des garçons se fait dans l’actuelle mairie et la cantine est encore dans une baraque réutilisée de l’ancien camp de prisonniers. Les préfabriqués, installés pendant l’été à l’école des filles afin d’accueillir les garçons et une cantine, sont ceux connus par tous les enfants depuis la rentrée de 1971. Ils seront finalement détruits cette année après 45 ans de bons et loyaux services.
L’arbre de Noël dans la nouvelle cantine. Qui se reconnaît....?

Les abords faciles de Jacques ainsi que sa connaissance de la population largement agricole en faisaient le contact privilégié de la Mairie lorsqu’il s’agissait de régler quelques affaires sensibles ou d’intervenir sur des situations difficiles. Il en héritera le surnom de « shérif » qui le fait aujourd’hui sourire. Moitié sérieux, moitié rieur, Jacques disait « je partirai lorsqu’on me foutra dehors ! » en parlant de la mairie ; Mais 30 ans se sont écoulés et c’est finalement l’âge et l’usure qui le feront partir... « On n’a pas fait de miracle et ça ne cassait pas trois pattes à un canard, mais on a fait ce qu’il y avait à faire » commente-t-il aujourd’hui sobrement.


Gérard COLOMBIER


GERARD ET LES CITROUILLES

On partira du principe que le lecteur lambda de Saint-Paul n’a pas vécu sur une planète lointaine ces 30 dernières années et qu’il y a donc de fortes chances qu’il connaisse peu ou prou Gérard. Le maçon, l’agent de la commune, sa maison décorée à Noël, sa moustache, ou encore Marie, son épouse qui a dû garder une bonne proportion des enfants de la commune. Bref, on a tous une bonne raison de savoir qui c’est. Ce qu’on connaît un peu moins, c’est son goût pour le jardinage, « une passion depuis tout jeune » et notamment pour le légume de dimension.... démesurée. On passera sur la tomate de 1,3 kg « dont les plants avait été offert par M. Lhermet et depuis j’en utilise les graines », la salade de 80 cm de diamètre ou encore le haricot vert de 86 cm de longueur (précisons que tous ces légumes sont comestibles) pour se concentrer sur les citrouilles.

Le Populaire du 24 septembre 2009

Depuis des années, on les voit apparaître à diverses occasions : fêtes de village, expositions, concours ou tout simplement devant la demeure de Marie et Gérard. « Des fois il y en a qui disparaissent » nous déclare celui-ci d’un air dépité, ou finissent parfois écrasées par des véhicules indélicats comme de vulgaires purées... La vie moderne sans doute. Outre le concours de citrouille de Châteauneuf-La-Forêt tous les ans, Gérard a participé entre-autre à la Foire aux Potirons à Tranzault dans l’Indre où il croise notamment une cucurbitacée concurrente de 700 kg ! et concourt à Saint-Laurent en Creuse à la Fête de la Citrouille où il se classe 4ème sur 9. Le plus gros sujet qu’il ait cultivé pour l’instant, « c’est 240 kg, en 2015 ».

Le mastodonte de 240 kg présenté à Châteauneuf-La-Forêt en 2015. Marie et Gérard à droite sur la photo.

Le jardinage se pratique également en famille. Au dernier concours de Châteauneuf-La-Forêt, si Gérard remporte le concours de la plus grosse citrouille avec un spécimen à 190 kg, c’est les petits- enfants qui trustent les premières places dans la catégorie des plus petites, c’est-à-dire de quelques grammes seulement et cueillies à peine la fleur fanée. Comme quoi, ça peut être contagieux la citrouille. Et les citrouilles ne se transforment pas en carrosse, comme on pourrait s’y attendre naïvement, mais se promènent plus fréquemment dans le vrai carrosse de Gérard, c’est-à-dire la 404. Parce que, l’air de rien, ça ne se pèse pas au pied levé une cucurbitacée de cette taille : on pèse la 404 sur le pont des établissements Magnaval, d’abord à vide, puis avec la citrouille, ça permet de déduire le poids de celle-ci. « C’est l’occasion de réunir des voisins du village pour cueillir la citrouille » le moment venu. Forcément avec des monstres de quelques centaines de kilos, faut un peu de monde, un peu de force, mais surtout pas mal de coordination. Bref, « faut des gars sérieux, le tracteur de Guitou.... et après on boit l’apéro ». Ok Gérard, on a compris...
Petit plant deviendra grand...

Cette année, c’est à l’occasion du vide-jardin qu’a eut lieu la pesée « un peu dans la précipitation, mais toujours avec des gars sérieux »
Au bout d’un moment on parle justement des choses sérieuses : bon, c’est quoi le secret pour faire pousser des trucs pareils ? « Il n’y a pas de secret. J’utilise la variété Atlantic Giant qui a la particularité de produire de gros sujets. Je récupère mes graines que je fais pousser au mois de mai avant de les repiquer et il faut cueillir le plus tard possible. L’hiver, je mets une couche de fumier sur le terrain et je laboure au printemps. L’important c’est de bien arroser. On arrose deux fois par jour avec Marie et ça prend du temps, ne serait-ce que pour remplir la tonne à eau au lavoir ». De toutes façons, on se doute que, si secret il y a, il est bien gardé...

Le grand qui dépasse au dernier rang, c’est Gérard sans la moustache, à l’école de Saint-Martin-Terressus vers 1967. «  J’ai toujours été costaud  » nous dit l’intéressé. On saisit mieux le goût pour les choses colossales... et on se dit que les (petits) camarades ne devaient pas trop l’embêter !




Jean LAPLANCHE

Comme le savent beaucoup de retraités, la retraite, finalement « c’est du boulot ». Jean est de ceux-ci, lui qui a toujours entretenu son jardin, bricolé à ses heures, élevé ses poules et ses lapins et multiplié les activités, associatives notamment. « Ça maintient en forme, cela évite de prendre du poids et c’est bon pour la tête ».


La vie à la campagne est forcément rythmée par les saisons, plus encore lorsqu’on est pupille de la nation et placé tout jeune chez des agriculteurs vers Chaptelat. « Ils étaient gentils, j’étais libre mais il ne fallait pas compter ses heures ni songer à oublier de se lever le matin pour faire la grasse-matinée, sinon on vous rappelait à l’ordre. Plus tard, comme tous les jeunes, j’allais au bal, mais quand je rentrais le matin, il n’était pas question d’aller se coucher, et la journée était longue »

. Et aujourd’hui encore, l’été, il fait son foin et cultive les légumes pour ses lapins, ses tomates sous la serre qu’il a montée lui-même, des fraisiers et autres fruits dans le jardin. Et lorsque l’hiver s’approche, il faut scier le bois et rentrer les légumes. Il participa fréquemment aux concours de labour dans la catégorie motoculteur. Il y a des choses qui ne s’oublient pas, même lorsqu’on devient ouvrier en ville.

Car à l’age adulte, Jean, qui avait dû arrêter tôt les études, reprit le chemin de l’école pour faire une formation de plombier-chauffagiste-gazier . Il travailla à Limoges, dans différentes entreprises et plus longuement à Limousin Chauffage et enfin à la SPOCZ. « Je dirigeais des équipes même si je n’ai jamais voulu faire cadre, Et dans ces métiers il fallait être polyvalent et connaître beaucoup de métiers du bâtiment, par exemple les toitures, et mon parcours avant m’avait apporté beaucoup d’expérience, ce qui m’a aidé ici aussi pour ma maison. »
Depuis les années 50, Jean est un donneur de sang régulier. Il a commencé des qu’il a eu l’age « A l’occasion d’une campagne pour le don du sang, cela semblait une évidence ». Il a fait partie du petit groupe qui avait créé en 1992 l’Amicale de Donneurs de Sang à Saint-Paul, et tous les donneurs se rappellent les crêpes qu’il faisait sauter lors de la collecte de février ! Et au bout de 72 dons, il a tout de même arrêté, rattrapé justement par la limite d’âge et quelques soucis de santé.

Jean est devenu également porte-fanion de LOU ROSSIGNO DO LIMOUZI, le groupe folklorique qu’il a rejoint il y a une vingtaine d’année. D’abord pour chanter, présenter des scénettes ou raconter des niorles. Cela veut dire répétitions tous les vendredis, puis les spectacles en fonction des demandes, et s’il en est maintenant le porte-fanion, c’est tout simplement, parce qu’au fil du temps, il en était devenu un des plus anciens.

Chez Jean, un, puis deux chats se collent à vos pieds, arrivés là parce qu’ « ils étaient abandonnés ou maltraités, mais maintenant stérilisés et vaccinés » Comme quoi on ne se refait pas.
Et puis il y a la belote . La belote « avec les copains » toutes les semaines, et l’on tourne, un coup chez l’un puis chez l’autre, sans compter les concours, et les après-midi « Tisane » qu’il ne rate que … s’il y a un concours ce jour-là.
Et il y a aussi la pétanque, le tiercé du dimanche matin … Non, sérieux, la retraite, « c’est du boulot » même si le salaire est maigre !
Mais lorsqu’on lui parle du temps qui passe, Jean nous répond simplement « Ça fait un moment que je suis à la retraite, et je vous souhaite d’en profiter aussi longtemps que moi »
Que la tienne dure encore longtemps, Jean.

http://www.dailymotion.com/video/xozy26_losfauchadors_creation




Albert MOULINARD

Albert Moulinard nous a quittés au mois de mars 2016. C’était un homme simple et modeste, et sa modestie n’aurait pas aimé qu’on fasse de longs discours à son propos, mais il serait difficile de ne pas rendre hommage à quelqu’un qui a donné autant de temps et d’énergie au service des autres.
C’était un homme d’engagement, dans son métier d’abord, dans le milieu associatif et au sein de la municipalité, s’investissant avec ardeur et conviction dans ses différentes missions.
Cet agriculteur avait siégé pendant des années à la Chambre d’Agriculture de la Haute-Vienne, au collège des fermiers et métayers.
Il s’était beaucoup investi dans le monde associatif : il fut l’instigateur de la renaissance d’un comité des fêtes à Saint-Paul, « Saint-Paul Loisirs », dont il fut le premier président en 1992, année de la création de la première Fête de l’Ane. Il avait aussi participé très activement à la vie du club de foot, à l’adolescence de ses trois fils.
Enfin, et ce n’est pas le moindre de ses engagements, il fut élu municipal pendant 25 ans. Élu en 1989, puis en 1995 sur une liste minoritaire, il s’est tout de suite intégré à l’équipe en place, au service de la commune et de ses concitoyens. Il est réélu en 2001, devient adjoint au maire et il le restera en 2008, jusqu’en 2014, où il décidera de mettre fin à son mandat.
C’était un homme de conviction, mais d’une grande tolérance et profondément respectueux, dont nous tenions à saluer la mémoire.




Jojo ROUDAUD

Ils ont une passion... et ils sont chez nous. Nous débutons dans ce premier bulletin
de la nouvelle mandature une série de portraits d’habitants de Saint-Paul que vous pouvez côtoyer tous les jours, en sachant peut-être, mais souvent en ignorant qu’ils ont une passion, qu’ils vont vous faire découvrir.
Nous allons pour cette première chez M.Jean-Joseph Roudaud, dit "Jojo" pour ceux qui le connaissent, au Queyraud.

C’est dans son garage qu’il nous accueille,avec sa canne et son Gibus, dans ce qu’il appelle modestement "Le Tout Petit Musée".

C’est en 1957 que M. Roudaud a commencé à collecter tous les objets du quotidien :
objets de la maison, du travail dans les champs .... Il a rassemblé des objets de son père, de son grand-père, d’un beau-frère parti "aux colonies" ...
Des amis, des proches lui ont offert des pièces pour compléter les collections.
Puis, tous ces objets, il les a méthodiquement triés, datés et étiquetés : collection de balances romaines, de sabotier, de menuisier, cannes, chapeaux,outils agricoles,boites à musique, tabatières ...Chaque objet a une histoire...

C’est ainsi qu’est né "Le Tout Petit Musée",dont voici ce qu’il dit :
"Le Tout Petit Musée,c’est une toute petite partie de ma vie,c’est strictement personnel et privé. Il n’y a rien de rare ni de valeur. Pour moi, c’est formidable, il y a les petits riens qui ont fait ma vie. C’est mon devoir de mémoire. C’est ma joie de vivre, mon paradis."
Ce n’est bien évidemment pas un musée ouvert au public, mais,comme tous les passionnés, M. Roudaud est toujours ravi de montrer son musée et de raconter les petites anecdotes qui le lient à chacun des objets exposés.




Guy VINCENT

Vous ne pouvez pas avoir traversé le bourg de Saint-Paul sans l’avoir croisé un jour…
Sous son chapeau noir, derrière son épaisse moustache, en voiture ou sur un tracteur,

Guy Vincent connaît la commune comme sa poche.Ce passionné de mécanique agricole est pourtant plus connu pour cette passion ailleurs que dans sa commune : "Nul n’est prophète en son pays"…
Malgré sa formation de mécanicien, effectuée à Saint-Paul au garage de Joseph
Hébras, c’est presque par hasard qu’est née sa collection…
Son premier tracteur, un Lanz, il l’a acheté en 1978 ; un de ses amis, qui voulait
acheter un tracteur, lui avait demandé de l’accompagner à Chateauponsac. Il y avait
deux tracteurs à vendre : Albert acheta le Robuste, Guy acheta le Lanz ! C’était le début de la série…
Certains ont pensé qu’il était fou, d’autres le lui ont carrément dit ! Pour ceux qui le
connaissent un peu, un tel compliment ne pouvait que l’encourager à continuer !…
Depuis 1977, c’est aussi l’histoire de la batteuse. Une vieille Merlin, qu’il a fallu patiemment nettoyer, restaurer et repeindre avec toute une bande de copains, avant de la remettre en route dans les cours de ferme… Aujourd’hui, Guy et sa batteuse font au moins une sortie annuelle, pour animer une fête… Toute une tradition à
perpétuer…

Cet été, lors de la finale départementale du concours de labour, ils étaient quatre
générations de Vincent à s’activer autour de la machine : Guy, Roger, son père, Henri, un de ses fils et Clément, son petit-fils.
Saint Jean Ligoure, Août 2014, Roger, Guy, Henri et Clément {JPEG}
Alors, maintenant, quand vous le croiserez, vous connaîtrez un peu mieux celui qui se cache sous le chapeau noir…




Alice BONNET


Alice Bonnet a toujours aimé la peinture, mais il a fallu qu’elle attende sa retraite pour donner libre cours à sa passion. Car elle a eu une longue carrière à Saint-Paul, Alice…
Permis de conduire en poche en 1950, elle démarre son activité de taxi, qu’elle exercera jusqu’en 1992. Pendant 27 ans, au volant de son estafette, elle a assuré le transport scolaire, acheminant des générations d’enfants sur l’école communale.
Pendant cette période, pas beaucoup de temps pour la peinture…
Alice « se contente » de peindre des foulards en soie, qu’elle arbore sur ses tailleurs quand elle est « de sortie », et qui suscitent l’admiration des autres convives. Elle peint aussi des nappes.

Quand elle et son mari sont invités à dîner, au lieu du traditionnel bouquet, Alice offre des fleurs sur toile… Son inspiration : les fleurs de son jardin, les tableaux des grands maîtres (Van Gogh, Monet… l’inspirent beaucoup).
Et puis, la retraite… Alice peut consacrer son temps à sa peinture. La cuisine se transforme en atelier – c’est plus pratique pour laver les pinceaux…
Elle peint pour le plaisir, pour ses enfants… Des fleurs, toujours des fleurs… Les paysages des cartes postales envoyées par ses enfants et petits-enfants l’inspirent aussi…
Et puis un jour, alors qu’elle va à Linards, elle voit Philippe Laduranty qui a installé son chevalet sur le trottoir devant son atelier… Elle s’arrête, regarde, discute… et finit par lui dire qu’elle peint aussi.
Il lui propose de lui montrer son travail. Elle lui apporte plusieurs de ses tableaux. Il les regarde, et Alice se rappelle du verdict :
« C’est naïf, mais c’est beau ».
Jean-François Peyrichout lui propose de rejoindre le groupe qui expose à Saint-Paul à l’occasion de la fête de l’âne.
Alice ne sait pas, elle hésite, elle a peur de ne pas être à la hauteur, elle a peur aussi du regard des gens… et puis, elle saute le pas : expos à Saint-Paul, Saint-Bonnet…
Cela lui permet de rencontrer des gens, de discuter – ce qu’elle aime par-dessus tout…
Parfois aussi elle vend quelques tableaux, précise-t-elle avec un brin de coquetterie.
Grand-mère agréable, Alice, à la messagerie saturée par les messages Facebook, vit
avec son temps, au gré de ses inspirations.

Le premier tableau montré à Philippe Laduranty


À l’époque de l’estafette du transport scolaire… qui se reconnaît sur la photo ?




Le Capitaine PAULIAT

Quand la petite histoire rejoint la grande…
Le 26 août 2014, Saint-Paul a accueilli Jeanine ROL, une Agenaise venue fleurir la tombe de son grand-père, tué au front en Lorraine, précisément 100 ans plus tôt, le 26 août 1914.
Depuis une dizaine d’années, Madame ROL s’était lancée dans la recherche de la tombe de son grand-père, le capitaine Pauliat, originaire de Haute-Vienne, mort au combat à 37 ans en 1914. Elle éprouvait le besoin de sortir cet homme de l’oubli et de lui rendre un hommage digne. « Ma mère ne l’a pas connu. Elle avait deux ans lorsqu’il est mort en août 1914, explique-t-elle. On n’en parlait jamais car les faits de guerre étaient des sujets tabous. Donc je connaissais très peu de chose de lui. »
Le seul souvenir dont elle dispose est un portrait sur lequel sont épinglées la Légion d’honneur et la Croix de guerre.

C’est peu, mais c’est avec ce portrait qu’elle entreprend de longues recherches, au début des années 2000, après le décès de sa grand-mère puis de sa mère.
Sachant que le capitaine Pauliat est originaire de Haute-Vienne, Janine Rol contacte par téléphone les nombreuses personnes répondant à ce patronyme dans le département… sans succès. Elle se tourne alors vers le journal Le Petit Bleu de Lot-et-Garonne qui souhaitait recueillir des documents et des témoignages pour les cent ans de la guerre.
Un avis de recherche est publié dans Le Populaire fin juin permettra, après de nombreuses péripéties, de retrouver la tombe du capitaine Pauliat, et par la même occasion, une autre branche de la famille Pauliat, domiciliée à Saint-Hilaire-Bonneval,
et qui s’occupe de l’entretien de la tombe familiale… sans vraiment connaître l’histoire de tous ceux qui y reposent…
C’est accompagnée de Sébastien Bouchereau, rédacteur en chef du Petit Bleu, que Madame ROL, aujourd’hui âgée de 81 ans, a pu retrouver, à la fois la tombe de son grand-père et ses lointains cousins haut-viennois.

Le capitaine Léonard Edmé Joseph Pauliat repose en fait dans le cimetière du village depuis 1921, aux côtés de son père et de sa mère. Son corps avait dans un premier temps été inhumé à proximité du champ de bataille sur lequel il avait trouvé la mort, le 26 août 1914, à Mont-sur-Meurthe en Lorraine. Puis il a été enterré une deuxième fois en 1920, au sein de la nécropole militaire de Friscati, près de Lunéville (Meurthe- et-Moselle).
Un an plus tard, en 1921, son corps était restitué à sa famille pour être inhumé à Saint-Paul, avec la seule mention de l’initiale de son troisième prénom (!) et sans plus d’informations dans son dossier militaire.
Le nom du capitaine Pauliat est inscrit sur le monument aux morts de Saint-Paul : c’est le premier mort de la Grande Guerre à Saint-Paul.




Sœurs Geneviève et Véronique

"Au revoir et Merci à chacun"



Le 8 septembre 1998, lorsque sœurs Geneviève et Véronique arrivent pour la première fois à Saint-Paul, elles trouvent 2 œufs déposés devant leur porte,"délicatesse d’une famille". Ce sera leur repas du soir .
C’est le début d’une belle histoire qui va durer 18 ans .
Pourquoi sont elles arrivées à St Paul ?
Pour répondre à l’appel de Monseigneur Soulier, évêque de Limoges. Celui-ci sollicite leur Congrégation pour succéder aux Sœurs de la Puy.
Sœurs Geneviève et Véronique travailleront sur la grande paroisse St. Jean Baptiste (soit 15 clochers, de Saint-Paul à la Porcherie).
La Congrégation des Sœurs des Saints Cœurs de Jésus et de Marie, communément appelée Notre-Dame des Chênes ( Paramé, Saint-Malo, France) a été fondée le 11 novembre 1853 par une Malouine, Amélie Fristel. La mission originelle de cette fondation , vouée aux soins hospitaliers des pauvres, n’a pas tardé à se doubler en 1856 d’une mission enseignante dans les écoles rurales. D’où ce nom porté par la Congrégation : Sœurs des Petites Écoles.
Sœurs Geneviève et Véronique sont originaires de Rennes et de Redon. Elles se connaissent depuis l’école. Après leur noviciat à Notre Dame des Chênes ( Saint-Malo), elles ont été envoyées comme institutrices dans des zones rurales .
Sœur Geneviève ira en Côte d’ Ivoire pour quelques années, puis terminera sa carrière comme directrice dans une école primaire où " elle tenait à ce que les enfants sachent lire pour leur entrée en 6ème “.
En 1998 sœurs Geneviève et Véronique acceptent de venir à Saint-Paul.
Quelle sera leur mission ?
Former des catéchistes, trouver des volontaires dans les différents relais, préparer et animer la liturgie, accompagner les familles en deuil.
On les verra souvent sur les routes, à pied, souvent en voiture, pour rendre visite aux personnes malades, isolées, à domicile et dans les maisons de retraite, ou pour aller simplement s’intéresser aux uns et aux autres.
Si les premiers jours elles se sont senties un peu "étrangères" au Limousin , elles se sont aperçues très vite "qu’il faut aller vers les autres pour les découvrir, et que la personne qui arrive a un pas à faire" .
A l’heure de retourner dans leur Bretagne, elles précisent que les années passées à Saint-Paul sont des années de bonheur et de partage, et le mot qui jaillit spontanément de leur cœur est " MERCI ".

Merci aussi à elles pour leur constante implication dans la vie des villages et leur égale bienveillance, quelles que soient la condition ou les opinions de ses habitants.

Soeur Geneviève
Soeur Véronique




Le Général MALABRE


Le 15 octobre 2015 s’éteignait le général Jean Martial Malabre, né à Saint-Paul et qui y avait conservé de nombreuses attaches.
Jean Martial MALABRE est né à Bosviger le 16 juin 1919. Issu d’une famille de militaire, il se dirige pourtant d’abord vers des études de lettres à Clermont-Ferrand où il rencontre sa femme, Aimée.
Mobilisé en 1939, il se dirige vers l’arme de la gendarmerie et est affecté à la légion de gendarmerie du Languedoc. Jeune lieutenant en juin 1944, il remonte vers le nord de la France à la tête d’une colonne de 200 gendarmes lorsqu’il rencontre la résistance à Magnac-Bourg et passe au maquis de Sussac avec l’ensemble de ses hommes.
Après la guerre, il est affecté aux légions de garde républicaine de marche d’Extrême Orient en Indochine . Il est décoré de la Croix de Guerre des théâtres d’opérations extérieures (TOE) en 1952.
De retour en métropole, il poursuit sa carrière : il est chef d’état major régional de la gendarmerie Île de France en 1968, puis sous-directeur de la gendarmerie nationale en 1975, d’abord général de brigade puis général de division en 1978.
Il est fait chevalier de la légion d’honneur en 1965 puis officier en 1976. Il est également officier (1972) puis commandeur de l’ordre national du mérite en 1978.
Depuis sa retraite, il vivait entre Paris et Royat avec de fréquents passages à Saint-Paul. En 2010 le nom de « général Malabre » est donné à la nouvelle caserne de gendarmerie de Saint-Junien.
Très attaché au Limousin et plus particulièrement aux paysages du Petit Bois et de l’étang des Landes qui l’avaient vu naître, il revenait très régulièrement. Sa sœur vécut d’ailleurs à Saint-Paul dans l’ancienne école de Chandas jusqu’à son décès.